Le gouvernement français envisage d’avancer l’ouverture de la chasse au cerf élaphe au 1er juin, soit trois mois plus tôt que la date actuelle du 1er septembre.
Cette proposition, soumise à consultation publique jusqu’au 11 mars 2025, suscite de vives réactions dans les milieux cynégétiques et écologistes.
Sommaire
Un projet de décret controversé
Le ministère de la Transition écologique justifie cette mesure par la nécessité de réguler les populations de cerfs, dont les effectifs auraient significativement augmenté depuis 1945.
Selon l’Office français de la biodiversité, des densités trop élevées peuvent entraîner du surpâturage et des dégâts importants sur les cultures et les forêts.
Lors de la saison 2023-2024, 87 802 cerfs ont été abattus sur un quota de 121 733, soit 72,1%. Pour le ministère, cette pression cynégétique, bien qu’en hausse, reste insuffisante face à la progression des populations.
Des impacts écologiques majeurs
Les opposants au projet dénoncent plusieurs risques liés à cette ouverture anticipée :
- Perturbation de la période de reproduction et d’élevage des faons
- Dérangement accru de la faune sauvage en pleine saison printanière
- Conflits d’usage avec les autres activités de pleine nature
La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) souligne que cette mesure accentuerait le dérangement de la faune en pleine période de reproduction et de dépendance des jeunes.
Un débat plus large sur la gestion cynégétique
Cette proposition s’inscrit dans un contexte de remise en question des pratiques de chasse traditionnelles. Plusieurs experts appellent à une approche plus globale de la gestion des populations de cervidés :
- Favoriser la présence de prédateurs naturels comme le loup
- Améliorer la connectivité des habitats forestiers
- Développer des méthodes alternatives de prévention des dégâts
Le Dr. Marie Durand, écologue spécialiste des grands herbivores, estime qu’une ouverture anticipée de la chasse ne résoudra pas les problèmes de fond : « Il faut repenser notre rapport à la faune sauvage et aux écosystèmes forestiers dans leur ensemble, plutôt que de se focaliser uniquement sur le contrôle des populations par la chasse. ».
Des enjeux économiques non négligeables
Le cerf représente un atout économique important pour certaines régions rurales. La chasse génère des revenus substantiels, tandis que l’observation de ces animaux attire de nombreux touristes.
Un équilibre délicat doit donc être trouvé entre préservation de l’espèce, maintien de son rôle écologique et valorisation économique.
Vers une gestion adaptative ?
Certains experts préconisent la mise en place d’une gestion adaptative, basée sur un suivi scientifique rigoureux des populations et de leurs impacts. Cette approche permettrait d’ajuster les prélèvements en fonction de l’évolution réelle des effectifs et des dommages constatés.
Le Dr. Pierre Martin, chercheur en écologie forestière, propose de tester cette méthode sur des zones pilotes avant toute généralisation : « Cela nous permettrait d’évaluer précisément les effets d’une ouverture anticipée de la chasse sur les dynamiques de population et l’état des écosystèmes. ».
Un débat qui dépasse les frontières
La question de la gestion des grands herbivores se pose dans de nombreux pays européens. En Allemagne, certains Länder expérimentent déjà des périodes de chasse plus étendues, tandis que d’autres misent sur la réintroduction de prédateurs naturels.
Ces expériences réalisées à l’étranger pourraient enrichir le débat français et ouvrir de nouvelles pistes de réflexion pour une cohabitation plus harmonieuse entre l’homme et la faune sauvage.
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