Des agriculteurs protestent à Paris contre l’interdiction des néonicotinoïdes

Mercredi dernier, des centaines d’agriculteurs se sont mobilisés sur l’esplanade des Invalides, à Paris, en réponse à l’appel de la FNSEA et du syndicat des betteraviers. Les manifestants se sont réunis pour protester contre l’interdiction des néonicotinoïdes (NNI) en France. Cette famille de pesticides s’est attiré les foudres du gouvernement. Utilisée pour défendre les plantes des pucerons, elle est sous le feu des projecteurs depuis de nombreuses années, créant débat sur débat.

Ces derniers ont récemment été clos par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Le 23 janvier dernier, il mit fin à une mesure dérogatoire qui autorisait jusque là l’usage des néonicotinoïdes dans l’agriculture de betteraves sucrières.

Des agriculteurs en colères

Aux côtés de leurs tracteurs, les agriculteurs qui protestent au cœur de Paris avaient un message clair : ils ne veulent pas être oubliés. « On veut aller toujours plus vite, sans réfléchir », souligne Antoine, agriculteur en Seine-et-Marne. Ce dernier pointe du doigt l’excès de zèle et de confiance du gouvernement, sans penser à l’avenir des betteraviers.

Les manifestants soulignent que la culture de la betterave sucrière est extrêmement sensible. Elle nécessite l’utilisation des NNI, solution efficace contre les pucerons très virulents sur les plants de betterave sucrière.

Que vont advenir les plantations ? Voilà la question que posent ouvertement les agriculteurs. Sans la présence d’une option viable, ces derniers ont l’impression d’être abandonnés par le gouvernement. « Que va-t-on utiliser pour protéger nos cultures ? Notre situation est déjà très précaire à cause des derniers chamboulements sociaux et économiques » déclare un agriculteur en colère.

Les néonicotinoïdes : que disent les experts ?

Les NNI sont considérés comme des produits toxiques, notamment pour les abeilles. Selon les scientifiques, cette famille de pesticides est directement responsable du déclin du nombre d’abeilles au XXIe siècle. Une dangerosité appuyée par Greenpeace lors d’un rapport scientifique publié récemment.

Ces insecticides impactent le système nerveux des insectes et les paralysent instantanément. Cela est notamment dangereux pour les abeilles qui ne peuvent plus remplir leur rôle de pollinisateurs, ce qui impacte la santé de la biodiversité. A petite dose, les NNI ne tuent pas les insectes, mais interfèrent sur leur sens de l’orientation et leur taux de reproduction qui affaiblit significativement les espèces.

Quelle est l’alternative aux néonicotinoïdes ?

Le porte-parole national de la Confédération paysanne, Nicolas Girod, a pris position contre la manifestation en soulignant « qu’il est inutile de manifester pour dénoncer cette interdiction » et « qu’il existe bel et bien des alternatives aux NNI ».

Ce dernier continu en déclarant que « beaucoup de producteurs de betterave sucrière n’utilisent pas ou plus de néonicotinoïdes et qu’ils s’en portent très bien ».

Plus de 22 solutions identifiées à ce jour

L’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire) s’est emparée de la question il y a de cela 2 ans et explique avoir identifié 22 produits destinés à remplacer les NNI. Selon l’agence, ces derniers luttent efficacement contre les pucerons, mais également contre la jaunisse : les deux plus grands dangers qui menacent généralement les cultures de betteraves sucrières.

Parmi ces solutions, quatre d’entre elles sont entièrement naturelles et font partie des produits phytopharmaceutiques de synthèse. La pulvérisation d’huile essentielle d’orange en fait partie, mais également l’introduction de champignons parasites d’insectes, à l’instar de la Chrysoperla carnea.

Des solutions réellement efficaces ? 

Est-ce que ces 22 solutions remplacent réellement les NNI ? L’Anses reconnaît que leur efficacité n’est pas comparable à celle des pesticides. « Elles présentent des solutions pertinentes, mais parfois insuffisantes ».

L’agence préconise aux agriculteurs de combiner plusieurs de ses solutions afin de trouver le mélange le plus optimal pour protéger leurs cultures.

Le ministre de l’Agriculture a reçu mercredi une délégation de manifestants afin de discuter de cette interdiction et de présenter un plan d’actions. Pour l’heure, Marc Fesneau reste sur ses positions. 

Image à la une : Huffington Post.

Sources : Le Point / Francebleu.


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