Manque d’eau : la sécheresse menace le canal du Panama

C’est un cri d’alerte lancé par l’ACP (l’Autorité du Canal du Panama) qui résonne le 26 avril 2023. Alors qu’il voit passer près de 10% du trafic maritime mondial, le canal du Panama est aujourd’hui en manque d’eau. Maintenant que le changement climatique ne cesse de s’accélérer et que chaque été voit arriver de plus en plus de sécheresse, le Panama annonce devoir réduire l’accès à la célèbre voie interocéanique.

Deux lacs à sec

Ce que peu d’étrangers savent, c’est que le canal du Panama est alimenté par deux lacs, le lac Alhajuela et le lac Gatun. Cette eau douce est nécessaire au bon fonctionnement des écluses, pour faire monter et descendre les navires au niveau de la mer. 

Cependant, cette baisse du niveau d’eau n’est pas une nouveauté. Cela fait des années que le lac Alhajuela manque d’eau, et que son niveau baisse de mois en mois. Si cette baisse a récemment accéléré, elle était néanmoins prévisible puisque pour la cinquième fois depuis la saison, le Panama a dû limiter le passage de navires du commerce maritime mondial.

Les plus gros navires, ceux du type Neopanamax, ne peuvent désormais plus passer. Un souci certes pour le commerce mondial, mais également pour le Panama qui voit ainsi perdre les plus gros péages.

Une forte consommation d’eau douce

Pour fonctionner correctement, le canal du Panama a besoin d’être fourni continuellement en eau. Cette eau provient des deux lacs Alhajuela et Gatun. En effet, pour chaque passage, ce sont près de 200 millions de litres d’eau qui sont utilisés et puis rejetés à la mer.

L’ACP cherche à continuer à faire fonctionner le canal de façon optimale, tout en assurant les besoins en eau de la population que l’Autorité considère comme sa responsabilité sociale. Pourtant, les habitants et pêcheurs du lac ne sont pas optimistes, pour eux, cette année voit venir la plus forte sécheresse jamais vue depuis des décennies.

Sécheresse des lacs : un débat éthique

La première sécheresse qui a tiré la sonnette d’alarme du canal du Panama était en 2019. Tandis que le canal nécessite 5,2 milliards de mètres cubes d’eau pour fonctionner correctement, le canal avait à l’époque marquée 3 milliards de mètres cubes d’eau. 

Une utilisation qui fait grincer les dents des habitants, touchés par la sécheresse eux aussi. Toutefois, le canal du Panama reste vital pour près de 6% du trafic maritime mondial, qui se trouverait bloqué sans lui. Ce sont d’ailleurs les États-Unis qui l’utilisent le plus, avec près de 2/3 du volume de trafic généré. La plupart des navires sont en provenance de Chine, du Japon ou de la Corée du Sud.

Trouver de nouvelles sources d’eau est l’une des priorités d’une partie des dirigeants du canal. Toutefois, un débat éthique se pose : le bassin ne fournit pas uniquement de l’eau au canal. Ce dernier fournit également plus de 4 millions d’habitants. Une situation sous haute tension puisque des coupures d’eau sont déjà présentes dans différentes régions du pays. 

Pour les habitants ainsi que les experts, le risque d’une guerre de l’eau est réel. Dans le cas de nouvelles sources d’eau, faut-il favoriser le réseau public ou bien le canal ? Pour l’administrateur, il n’est pas question d’arriver à une guerre de l’eau. Le Bureau du Médiateur a d’ailleurs annoncé que l’État allait garantir l’accès à l’eau douce pour les habitants, cet accès représentant un des droits humains fondamentaux.

Image à la une : Pexels.


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