C’est une annonce qui n’a surpris personne. Le tribunal administratif de Poitiers vient de mettre fin à une lutte acharnée entre défenseurs de l’environnement et les préfets des Deux-Sèvres, de la Charente-Maritime ainsi que de la Vienne. En effet, en 2017, ceux-ci avaient autorisé la SCAGE (ou société coopérative anonyme de l’eau) de la région des Deux-Sèvres à créer 19 bassines servant de réserves d’eau de substitutions à destination de l’agriculture.
Rapidement mis dans le collimateur d’associations pour l’environnement, dont Nature environnement 17, celles-ci ont saisi la justice pour tenter de faire annuler le projet.
Malheureusement pour eux, les arguments en la défaveur du projet semblent insuffisants puisque le tribunal de Poitiers vient de donner raison aux défenseurs du projet. Retour sur cette lutte qui n’est pas encore prête de se terminer.
Sommaire
Un projet qui fait des émules
L’idée des réserves de substitutions n’a jamais fait l’unanimité. Ce grand projet, porté en 2017 et nombre de fois validé, est toujours dans le collimateur des associations environnementales, qui se positionnent aujourd’hui face aux irrigants. Le problème est simple : toute l’année, les agriculteurs pompent l’eau des rivières ou des nappes phréatiques pour irriguer leurs champs. Seulement en été, ceux-ci font de plus en plus souvent l’objet d’une interdiction de pompage, à cause de niveaux d’eau bien trop bas.
Pour résoudre ce problème, les irrigants ont proposé l’idée de la création de bassines ou « réserves de substitution ». Celles-ci se rempliront en hiver, lorsque les nappes phréatiques sont pleines, pour être utilisées l’été en pleine période de sécheresse.
Un projet attaqué pour danger écologique
Le collectif « Bassines, non merci ! » qui marche en front de cortège contre le projet explique qu’il existe deux types de raisons distinctes pour refuser le projet : des raisons écologiques, mais également politiques.
Un épuisement précoce des réserves d’eau
Pour les anti-bassines, le projet ne règle en rien le problème des nappes phréatiques à sec. En pompant l’eau en hiver pour la stocker, les irrigants vont accentuer la sécheresse des nappes phréatiques. Pire, les réserves de substitutions risquent de rompre l’équilibre naturel de la région en modifiant les niveaux d’eau du sous-sol. Un projet qui peut, selon les associations, mettre à mal la biodiversité du Marais poitevin.
D’un point de vue politique, ces bassines servent principalement à maintenir un système agricole qui n’est plus à jour depuis longtemps. À la place, ceux-ci proposent une transition financée par le pouvoir public vers une agriculture vivrière, bio, tournante et maraîchine.
De l’eau accessible sous certaines conditions
Au contraire, pour les partisans du projet, ces réserves devraient permettre de diviser par 3 le prélèvement en eau dans les nappes phréatiques du secteur. Comme celles-ci débordent souvent durant les périodes hivernales, la retenue de cette eau ne devrait pas impacter la biodiversité alentour.
Les 200 agriculteurs sélectionnés pour bénéficier des réserves de substitution connaîtront quelques conditions pour leur accès à cette eau. Ceux-ci s’engagent à des changementsécologiques importants impliquant la réduction de pesticides, la création de couloirs écologiques ou encore la diversification des cultures. 10 % des agriculteurs sont déjà en agriculture biologique et ce nombre devrait atteindre les 20 % d’ici les années à venir.
Pour les porteurs du projet eux-mêmes, la biodiversité est un élément important pour pouvoir accéder à l’eau de ces réserves.
Pour s’assurer de la mise en place des mesures, un protocole sera suivi de près et les agriculteurs connaîtront un encadrement pour voir les premiers résultats paraître d’ici à 3 ans environ.
Image à la une : Pexels.
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