Le gouvernement français a présenté ce 10 mars 2025 son troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3), destiné à anticiper un scénario de hausse des températures pouvant atteindre +4°C d’ici la fin du siècle. Avec 52 mesures et 200 actions concrètes, ce plan vise à renforcer la résilience du pays face aux impacts climatiques majeurs attendus.
Sommaire
Un scénario inédit pour anticiper le pire
La grande nouveauté du PNACC-3 est l’adoption d’une Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC). Celle-ci prévoit une augmentation moyenne des températures en France métropolitaine de +2,7°C en 2050 et jusqu’à +4°C en 2100. Ce scénario pessimiste devient désormais la référence officielle pour orienter toutes les politiques publiques d’adaptation au changement climatique.
Cette approche permet aux décideurs publics d’intégrer dès aujourd’hui des mesures adaptées à des conditions climatiques extrêmes, afin d’éviter une adaptation tardive et insuffisante face aux risques futurs.
Des mesures concrètes pour protéger les populations
Le PNACC-3 se structure autour de plusieurs axes prioritaires visant à protéger les populations et les infrastructures essentielles face aux événements climatiques extrêmes :
- Protection contre les épisodes de canicule : végétalisation massive des espaces urbains, création d’îlots de fraîcheur dans les villes, adaptation des bâtiments aux fortes chaleurs.
- Gestion renforcée des ressources en eau : amélioration des réseaux hydriques, réutilisation accrue des eaux usées traitées, réduction des prélèvements agricoles.
- Prévention des inondations et submersions marines : renforcement des digues côtières, restauration écologique des zones humides pour leur rôle naturel de régulation hydrologique.
Ces mesures visent explicitement à réduire la vulnérabilité du territoire français face à l’intensification attendue des phénomènes climatiques extrêmes.
Des solutions fondées sur la nature : un levier stratégique confirmé
Le PNACC-3 met l’accent sur les solutions fondées sur la nature (SFN) comme outil majeur d’adaptation climatique. Ces solutions consistent à préserver ou restaurer les écosystèmes naturels afin d’atténuer les impacts climatiques tout en apportant des bénéfices écologiques et économiques complémentaires :
- Restauration écologique des zones humides pour limiter les crues
- Agroforesterie et couverture végétale permanente pour préserver les sols agricoles
- Préservation et restauration des écosystèmes littoraux pour protéger efficacement contre l’érosion côtière et la montée du niveau marin
L’INRAE souligne l’efficacité avérée de ces approches naturelles dans plusieurs projets pilotes menés en France, démontrant leur capacité à réduire significativement certains risques climatiques tout en générant une valeur ajoutée locale importante.
Une gouvernance renforcée mais encore perfectible
Pour élaborer ce nouveau plan, le gouvernement a organisé une consultation publique nationale entre le 25 octobre et le 27 décembre 2024. Citoyens, collectivités locales, entreprises et associations ont ainsi pu contribuer directement à son élaboration.
Toutefois, si cette démarche participative constitue une avancée notable, elle reste perfectible sur plusieurs points :
- La mise en œuvre concrète du plan dépendra fortement de l’implication réelle et durable des collectivités locales dans leurs stratégies territoriales.
- Les modalités précises permettant aux communes rurales ou aux petites collectivités d’accéder efficacement aux financements nationaux restent encore peu détaillées dans le PNACC-3.
Ces aspects devront être clarifiés rapidement afin de garantir une efficacité réelle sur le terrain.
L’adaptation sociale : un enjeu crucial à ne pas négliger
Un aspect majeur mais encore insuffisamment traité par le PNACC-3 concerne l’adaptation sociale au changement climatique. Les populations vulnérables (personnes âgées isolées, ménages modestes vivant dans des logements mal isolés…) seront particulièrement exposées aux impacts sanitaires liés aux vagues de chaleur extrêmes ou aux catastrophes naturelles répétées.
Pour répondre efficacement à cet enjeu social crucial, plusieurs pistes pourraient être explorées :
- Renforcement massif de l’accompagnement social lors des épisodes climatiques extrêmes (canicules prolongées notamment).
- Soutien financier ciblé pour améliorer rapidement l’isolation thermique et le confort thermique dans les logements précaires.
- Mise en place systématique d’un suivi sanitaire renforcé auprès des publics fragiles lors d’événements météorologiques extrêmes.
Cette dimension sociale essentielle reste aujourd’hui un angle mort relatif du nouveau plan national présenté par le gouvernement français ce lundi 10 mars 2025.
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